Michel Haas est le directeur de l’Institut des métiers et de la formation de Cofely Services (GDF Suez).
Cofely Services a renforcé son programme de formation à la prévention des risques routiers et à l’éco-conduite. Agence par agence, tous les collaborateurs sont formés, résultats à la clé.
« Depuis 2008, nous menons des actions de prévention des risques routiers. Ce programme est entré dans une deuxième phase en 2010. Nous nous sommes aperçus que les formations avaient un impact sur notre sinistralité, mais aussi sur nos consommations de carburant. Troisième bénéfice plus particulièrement probant pour les ressources humaines, la prévention des risques routiers et l’éco-conduite réduisent le stress des collaborateurs au volant, l’un des facteurs de risques psycho-sociaux. Peu de programmes de formation englobent des objectifs à la fois économiques et de gestion des RH.
En 2012, SIACI Saint-Honoré, notre courtier, a financé le tiers de notre programme, soit 30 000 euros. En contrepartie, nous nous sommes engagés à former tous les ans l’ensemble des collaborateurs d’une agence en collaboration avec Automobile Club Prévention. Auparavant, la prévention des risques routiers et l’éco-conduite figuraient au catalogue de nos formations et pouvaient être choisies librement par nos collaborateurs. Seuls quelques-uns faisaient cette démarche. Désormais, la formation est systématique et nos 50 agences, soit 10 000 collaborateurs, en bénéficieront.
En formant l’ensemble des collaborateurs d’une agence, la prévention des risques routiers et l’éco-conduite deviennent de véritables projets d’entreprise. Les actions menées débutent par un diagnostic, s’attachent à former le management puis les conducteurs, avant de se poursuivre par la mise en place d’une organisation spécifique avec reporting et plan de communication.
Située à Argenteuil, notre agence des Hauts-de-Seine-Saint-Denis a été en 2012 la première à déployer ce programme. Sa flotte compte 169 véhicules et 98 conducteurs ont été formés en une année. Chaque accident fait l’objet d’une analyse ; un entretien avec le manager se focalise sur l’“évitabilité“ du sinistre et non sur la responsabilité du collaborateur. Un comité de pilotage a été créé avec un chef de projet qui travaille avec Automobile Club Prévention.
Il s’agit bel et bien d’un programme de conduite du changement. Nous passons d’une situation où l’on ne parle pas des accidents à un deuxième stade où il devient nécessaire d’en parler. L’étape ultime consiste à ce que les collaborateurs réalisent que l’accident est évitable. Quand ce but est atteint, nous avons gagné. Facteur de succès : l’implication des managers qui suivent la même formation que leurs collaborateurs. Après le déploiement du programme de formation, la route est un volet à part entière du management des risques de l’entreprise.
Le plan de communication vise à célébrer les victoires. Tous les trois mois, le bilan de la sinistralité est affiché. Si des dérives sont identifiées, les bonnes pratiques sont rappelées. Après la formation initiale, les multi-accidentés continuent à être formés, comme chaque nouveau collaborateur. À l’issue de la première année, l’agence d’Argenteuil a diminué de 33 % le nombre de ses accidents, soit une économie de 16 000 euros. Le budget de carburant a aussi été optimisé, mais nous ne disposons pas d’outils pour calculer précisément ce gain. Sans prendre en compte ces dernières économies et les journées d’absence évitées, notre retour sur investissement intervient en moins de deux ans. »
