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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 12:15

Les spécialistes de la prévention des risques routiers ont toujours professé l’anticipation et la tempérance. Deux qualités fondamentales pour éviter les accidents, économiser du carburant et respecter davantage l’environnement. Devant la flambée des prix du carburant, deuxième poste de dépenses d’une flotte, et la nécessité de limiter leurs coûts fixes dans un contexte de crise, les entreprises ont cherché d’autres leviers d’économie.

Pour répondre à cette demande, les organismes de prévention ont créé des formations entièrement consacrées à l’éco-conduite.

Un marché de l’éco-conduite en plein développement

Considérée comme un phénomène de mode, la conduite sobre n’en a pas moins gagné de nombreuses entreprises. Dans la majorité des cas, loueurs longue durée, pétroliers et assureurs ont passé des accords avec des spécialistes de la formation à la sécurité routière qui ont tous développé des modules d’éco-conduite.

Lancé en 2011, le dispositif des Certificats d’économies d’énergie (CEE) a aussi contribué au développement de l’éco-conduite. Le principe : le fournisseur d’énergie doit mener à bien des actions pour concrétiser un certain volume d’économies d’énergie calculé selon ses ventes. Pour remplir son obligation, le fournisseur peut obtenir lui-même des économies, inciter ses clients à lancer des démarches dans ce sens ou acheter des certificats à d’autres fournisseurs. Dans ce cadre, Total, acteur sur le marché des cartes de carburant, a mis en place des actions spécifiques. L’une d’entre elles consiste à accompagner les entreprises dans la promotion de l’éco-conduite auprès de leurs collaborateurs.

Pour récupérer des certificats, Total incite aussi les entreprises à équiper leurs véhicules de solutions de télématique. Depuis quelques années, les principaux acteurs du marché de la géolocalisation proposent des fonctionnalités autour de l’éco-conduite. Avec des technologies ad hoc, le responsable de la flotte est capable d’analyser la conduite des collaborateurs et de prodiguer des conseils personnalisés selon les profils. Les constructeurs investissent aussi ce terrain de l’éco-conduite et les captives de Peugeot, Citroën et Renault proposent depuis peu des outils d’analyse de la conduite grâce aux boîtiers embarqués sur les véhicules.

Après avoir recouru aux services d’un prestataire spécialisé pour former ses agents, La Poste a créé une filiale spécialisée. Baptisée Mobigreen, cette structure offre ses services à l’ensemble des entreprises. « Nous représentons la moitié du marché de l’éco-conduite qui croît de 20 % chaque année », affirme Pascale Mespoulède-Cozon, sa présidente.

Face à l’évolution de la demande des entreprises, Mobigreen a rebaptisé ses formations : aujourd’hui, la filiale de La Poste dispense ses conseils pour promouvoir non seulement l’éco-conduite, mais aussi la prévention des risques routiers. « Les pratiques sont semblables pour les deux objectifs, explique Pascale Mespoulède-Cozon. Nos formations à l’éco-conduite intégraient de fait le risque routier. »

Gaspillages et risques routiers vont de pair

En amont, les entreprises ont identifié des problématiques de consommation ou de sinistralité. En réorientant sa communication sur ces deux thèmes, Mobigreen multiplie les opportunités commerciales. Autre avantage, l’éco-conduite permet d’aborder la sécurité routière d’une manière moins anxiogène pour les stagiaires.

L’un des clients de Mobigreen avait fait appel à ses formateurs après avoir identifié des consommations excessives de carburant. « L’éco-conduite a créé une nouvelle dynamique pour la prévention des risques routiers, reprend Pascale Mespoulède-Cozon. Nous avons formé 500 collaborateurs. Le pourcentage d’accidents responsables a chuté de 10 points et la fréquence de 10 %. »

Diffuser en interne la formation des salariés à l’éco-conduite

Certaines grandes entreprises reprennent le modèle de La Poste en demandant à Mobigreen de former certains de leurs collaborateurs pour qu’ils forment à leur tour l’ensemble des conducteurs. « Ce mode d’organisation donne du sens à la démarche », pointe Pascale Mespoulède-Cozon. À travers cette méthode, les salariés s’approprient l’éco-conduite et la prévention des risques routiers qui deviennent de véritables projets d’entreprise. Tous les niveaux hiérarchiques sont mobilisés et les résultats obtenus dépassent les moyennes observées et s’inscrivent dans la durée.

Spécialiste des formations à la sécurité routière, Automobile Club Prévention est issu d’un organisme né dans les années 1970. Depuis plusieurs années, le préventeur propose des stages d’éco-conduite. En 2008, avec la hausse des prix du carburant, la demande des entreprises a fortement progressé. Dès 2010, elle s’est stabilisée et accompagnée d’une volonté de construire des passerelles avec la sécurité. « Décélérer en amont, respecter des distances de sécurité suffisantes, toutes les techniques de la prévention des risques routiers s’inscrivent dans une démarche d’éco-conduite », énumère Jean-Philippe Monnatte, directeur général.

Automobile Club Prévention fait appel à une large palette d’outils pour répondre précisément aux capacités d’investissement de ses clients. Formations en salle, sur piste, en conditions réelles de circulation ou sur simulateur de conduite, le programme peut s’inscrire dans une démarche globale avec analyse, diagnostic, préconisation, analyse des résultats et actions de communication récurrentes. La formation en situation réelle requiert un formateur pour trois stagiaires alors qu’une formation sur simulateur sensibilise quinze à vingt stagiaires par jour.

Une formation à l’éco-conduite en trois temps

Pour promouvoir l’éco-conduite, Automobile Club Prévention préconise la formation sur les véhicules personnels des collaborateurs et les réseaux routiers. Le temps de la formation, le véhicule est équipé d’un dispositif pour enregistrer les paramètres de la conduite. À l’issue du premier parcours, le formateur analyse les comportements, puis dispense des conseils personnalisés. Un deuxième parcours met en application la formation et amène à évaluer les progrès en termes de consommation.

« Les stagiaires arrivent en se disant qu’ils n’ont rien à apprendre et que l’éco-conduite se résume à une attitude “pépère“, constate Jean-Philippe Monnatte. Il n’en est rien. La conduite sobre, comme la conduite sure, demande de réelles compétences. La route est responsable de milliers de morts chaque année. Il serait temps de réaliser que la conduite requiert un apprentissage approfondi. Plus précisément, chaque conducteur doit être capable de contrôler ses pulsions. »

Pour renforcer l’efficacité de ses actions, l’entreprise peut cibler les conducteurs qui consomment davantage de carburant ou enregistrent le plus grand nombre d’accidents. En général, l’expérience montre qu’il s’agit des mêmes individus.

Pour convaincre les stagiaires, Automobile Club Prévention leur montre, preuves chiffrées à l’appui, qu’une conduite apaisée ne fait pas baisser la vitesse moyenne et les temps de parcours. Pour maintenir les résultats dans le temps, Automobile Club Prévention propose des plans d’action sur 12 à 18 mois. « Pour que la formation soit efficace, il ne faut pas juger les stagiaires et adapter son discours à chacun », souligne Jean-Philippe Monnatte.

Charité bien ordonnée passe aussi par les autres

Loueur longue durée multimarques, Arval travaille sur les thèmes de la sécurité routière et l’éco-conduite en tant que tels depuis le début des années 2000. La filiale du groupe BNP Paribas a commencé par déployer des actions en interne après avoir signé en 2003 une charte sur la prévention des risques routiers avec la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. Dès 2004, Arval a créé un service spécifique pour proposer ses programmes d’actions aux entreprises.

L’éco-conduite, une pratique sur la durée

« Depuis quinze ans, j’entends dire que la prévention des risques routiers et l’éco-conduite sont des phénomènes de mode, regrette Frédéric Martino, responsable prévention du risque routier pour le loueur. Les modes passent alors que la prévention s’inscrit durablement dans les pratiques des entreprises. »

En 2010, Arval gérait les comportements de conduite d’une flotte de 10 000 véhicules. Début 2013, ce chiffre atteint 15 000 unités. D’après Frédéric Martino, le sujet a mûri dans l’esprit des dirigeants d’entreprise et les actions s’inscrivent dans la durée. « Ce sujet touche tous les métiers et toutes les typologies d’entreprises, de la TPE aux grands comptes. »

Chez Arval comme chez Automobile Club Prévention, la prise de conscience par les entreprises de la pertinence de l’éco-conduite remonte à 2008 et à la flambée des cours du pétrole. À l’époque, Arval adresse ses clients à des spécialistes de la prévention des risques routiers avec des outils et des pédagogies spécifiques pour chacun d’entre eux. « Nous avons voulu aller plus loin et nous sommes devenus formateurs à notre tour, poursuit Frédéric Martino. Désormais, nous nous déplaçons sur le site des entreprises. Il est paradoxal de promouvoir l’éco-conduite et la sécurité routière tout en demandant aux stagiaires de parcourir 100 à 200 km pour suivre une formation. »

La répétition au cœur des principes pédagogiques

Arval a développé son propre programme de formations avec des spécialistes de la prévention des risques routiers et de l’éco-conduite. La première se concentre sur le risque routier, la deuxième sur l’éco-conduite alors que la dernière panache les deux thématiques. Deux formules sont proposées : soit la formation en salle avec des simulateurs de conduite, soit l’apprentissage in vivo au volant d’un véhicule dédié ou de celui du stagiaire.

Première étape du plan d’actions, ces formations sont prolongées par un programme d’e-learning et de communication avec envoi régulier de SMS rappelant les règles de la bonne conduite. « À mon sens, la formation ne suffit pas, insiste Frédéric Martino. Il faut analyser la situation, développer un programme d’actions adaptées, former en priorité les conducteurs les moins exemplaires et communiquer à destination du plus grand nombre. » Grâce aux propres actions menées sur sa flotte, Arval a enregistré immédiatement une réduction de 30 % de ses consommations de carburant. À plus long terme, le gain s’est stabilisé à 10 ou 15 % et à 20 % pour les meilleurs des élèves. « Les gains peuvent aller au-delà, mais il existe un seuil où il devient difficile de continuer à progresser », reconnaît Frédéric Martino.

En revanche, les résultats ont tendance à se détériorer dans le temps si le sujet ne revient pas régulièrement au menu des discussions. L’éco-conduite comme la prévention des risques routiers se révèlent des démarches de longue haleine. Comme pour tout apprentissage, elles reposent sur la répétition des règles. Un travail ingrat, mais qui porte tous ses fruits quand l’élève les a intégrées.

Flotauto le 29/04/2013

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commentaires

S
Je vous approuve pour votre exercice. c'est un vrai état d'écriture. Je partage & recommande !
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